Considéré par beaucoup comme le spécialiste du double, Jean-Pierre Dick (Notre Méditerranée - Ville de Nice) vient de remporter cette nuit sa première grande course océanique en solitaire dans la catégorie Rhum Mono avec la manière. Une grande fierté pour le skipper niçois qui a coupé la ligne d’arrivée de la 12e édition de La Route du Rhum – Destination Guadeloupe ce samedi matin à 23 heures 12 minutes 51 secondes heure locale.
«Le Rhum est très, très bon ! ça a été une course difficile. Ce n’est pas un bateau pour faire du près. On s’est retrouvé à affronter des fronts. Il y en a eu trois de mémoire. Il y a eu sept jours très longs et vraiment pas agréables avec un bateau qui tape. Il y a d’autres bateaux désagréables dans la flotte aussi. Et puis devoir sauver non pas Willy mais Brieuc (Maisonneuve) qui était renversé, c’était un moment un petit original je dirais. Ça a été un peu compliqué de le trouver. On a mis du temps et puis j’ai eu une position plus précise de la direction de course qui m’a aidé à le retrouver. Le moment le plus délicat, c’est quand il a accepté de plonger. J’ai vu dans son regard le désespoir de perdre son bateau. C’est terrible. Et puis ensuite ça a pris trois jours pour le ramener à Ponta Delgada (Açores) sans perdre trop de temps. J’ai fait une demande de redressement par rapport au fait que je me sois dérouté. J’ai eu huit heures de bonification, ce qui est une bonne chose, mais c’était une autre course dans la course. J’ai appris à connaître Brieuc qui est une personne très sympa. Je vais essayer de l’appeler pour savoir ce qu’il est devenu. La course a continué mais là, c’était plus le domaine de prédilection du bateau avec d’abord du petit temps dans l’anticyclone puis après au portant rapidement sous spi avec des voiles de portant. Ça glissait bien ! C’était la 2e grande semaine de cette Route du Rhum et j’ai pu accentuer mon avance. J’ai poussé le bateau jusqu’au bout. C’est une grande fierté d’avoir accru mon avance. C’est tout de même une super performance d’aller aussi vite en monocoque. Je suis très fier. Pour moi, ce Rhum était important parce que je n’avais pas gagné de grande course océanique en solitaire et là c’est fait. On me disait que j’étais le spécialiste du double. Là j’ai montré aussi qu’en solitaire, je sais faire quelque part. ça me fait vraiment plaisir de gagner aujourd’hui. Pendant sept jours, ça va être le grand bonheur. En général, je suis heureux pendant une semaine et après on passe au projet suivant. Cette course est tout de même magique. Il y a un succès dingue à Saint-Malo. Elle a pris une ampleur colossale et il y a énormément de choses positives. C’est vraiment une très, très belle course. Je suis très fier d’avoir mis mon nom sur les tablettes de cette édition. Le bateau est génial ! C’est un grand bonheur. Je reviens un peu aux affaires quelque part. C’était l’opportunité de faire la course avec ce bateau qui est super même s’il a fallu pas mal l’adapter. Venir sur cette Route du Rhum et de gagner, c’était un beau challenge. Ça fait un an et demi qu’on y travaille avec l’équipe pour le mettre à la jauge, déjà. Je suis fier d’avoir gagné d’une belle manière avec un sauvetage au milieu. Mais c’était une très, très belle course. C’est vrai que c’est dur, mais la fin, l’arrivée, les Antilles, c’est génial. Et puis c’est les 30 ans de la disparition de mon père cette année. On pense à lui tous les jours. Il nous a marqué par plein d’aspects. C’est très important pour moi »
J’ai pu mettre aussi ma petite touche par rapport à la Méditerranée que je souhaite défendre. C’est important. C’est une mer qu’il faut sauvegarder parce qu’elle est en péril presque plus que les autres et j’ai envie de passer de mon temps à défendre cette cause-là."