Chaque jour, retrouvez quelques lignes rédigées par les marins participants à cette 12ème édition
Départ J+11 : Jeudi 17 Novembre 2022
Je galère ! Pas de catastrophe mais les vents sont super instables : ils varient entre 10 et 30 noeuds avec des changements de direction de 45/50° et les changements ont lieu toute les demi-heures, donc soit je suis sous-toilé avec trinquette 1 ris, soit je suis toilé régulièrement et je tente une voile d’avant ! ça fait trois jours que ça dure, du coup je n’avance pas vite et honnêtement je n'ai pas beaucoup de plaisir de navigation en tout cas, et rarement des plaisirs de glisse. J’ai connu des alizés beaucoup plus sympas. Hier j’ai connu une succession de petits déboires : un micmac entre la chaussette et le spi que j'ai voulu affaler pour bien tout mettre propre et en faisant ça, la chaussette s’est bloquée au deux tiers et dans la manoeuvre le bas du spi est parti dans l’eau ! Un chalutage, ça faisait longtemps que ça ne m’était pas arrivé ! J’ai galéré à tout remonter 20cm par 20 cm, ça a dû me prendre deux ou trois heures et qui m’a épuisé, j’ai mal partout Bref, je suis bien loin de l’autoroute des Alizés. Je trouve ça hyper dur, je savais que ce serait un challenge, mais le bateau est vachement physique parce qu’il n’est pas conçu à l’origine pour du solitaire. Envoyer ou affaler le gennaker, c'est 15 à 20 minutes de manœuvres à chaque fois et tu te fatigues à chaque fois. Je ne vais pas dire que je regrette les 9 jours de près mais j’avais une vision assez claire de ce que je voulais faire avec finalement des conditions assez stables. Depuis trois jours, je ne suis pas très content de ma nav’ : je suis tout le temps sous-toilé ou surtoilé. C’est compliqué surtout la nuit. Somme il fait nuit noire, j’ai beaucoup de mal à établir une surface de voile satisfaisante, ou à voir les grains arriver. En termes de routage, je suis à des années lumières de mes polaires ! En bref, je ne suis pas très content, mais il reste du temps, il y a moyen d’arranger ça ! J’espère que je serai plus joyeux la prochaine fois !
Départ J+3 : Samedi 12 Novembre 2022, 5h du matin
J'ai vu que j'étais "dans le rouge » quand pendant plusieurs siestes j'avais la sensation de ne plus être seul à bord… mais agréablement accompagné par l'équipe... Un petit brouhaha sympa avec des bribes de conversation dans ma tête. Bref le petit symptôme des hallucinations provoqué par le manque de sommeil. C'est dur, mais ça a du bon de manquer de sommeil ! Je crois que c'est prouvé scientifiquement, que privé de sommeil, le corps sécrète des hormones (ou autres !) proches chimiquement des composants de la coke (ou autres !). Ce n'est pas uniquement un délire sado-masochiste à la sauce judéo-chrétienne. Mais c’est comme ça, on sécrète des trucs rigolos et gratos, enfin faut quand même compter le prix du bateau pour faire le voyage…
“Cargo Culte”* un de mes morceaux préférés : une vision rimbaldienne de Serge Gainsbourg, c'était l'ambiance de la deuxième nuit, j'ai traversé le trafic montant et descendant du DST de Ouessant et il y avait du monde ! La grande évolution et sécurité avec le dispositif AIS, c''est que les cargos vous appellent plus facilement désormais dès qu'il y a route de collision ; chacun connaît le nom et la caractéristique de l'autre à proximité. Surprise ! Une voie féminine m'appelle sur le canal 16; C'est le tanker Madre de Deus (ça ne s'invente pas !) une femme à la passerelle d'un cargo ça ne m'était jamais arrivé! Quelle heureuse évolution ! Elle me demande mon intention, je lui explique que je suis en solo, en course (en gros que je n'ai pas trop envie de manoeuvrer), elle déroute son tanker de quelques degrés, la classe ! Merci Madame et vive les femmes à la conquête de l' univers masculin !
Conditions idéales cette nuit : la mer est mieux organisée (tiens, c’est ce que l’on réclame à l’échelon international !). La mer de vent est plus ronde, plus allongée. Cette nuit, ciel clair, vent 20-25 du sud sud-est. J’ai un chouille débridé car je vois bien que le JP (DICK) met les chevaux. Mais reste sur l’option que l’on a choisie avec Eric Mas. Ou sinon j’avais option muscu cette nuit ! Sur la bringuebale de la pompe de cale ! Ai bien attaqué les centaines de litres de la cale avant. Mais pas terminé ! J’en garde pour demain. Toujours des problèmes de pilote qui brutalement veut sortir de la trajectoire. Parfois chaud !
Ces 2 premiers jours n’ont pas été de tout repos ! Ça a commencé au départ avec la panne du zodiac qui devait récupérer mon équipier puis ça s’est enchaîné avec un concurrent qui m’est rentré dedans par l’arrière sur la ligne (le first 42.7j) et a tordu assez fortement la tôle alu sur laquelle est frappée la poulie de bastaque. Mais ça a l’air de tenir. L’après-midi et la nuit se sont bien passées et j’étais content de ma nav malgré le peu de sommeil.
Départ J+2 : Vendredi 11 Novembre 2022, 5h du matin
Hier soir, il se met à faire noir et je commence à voir de l’eau qui m’arrive sur les pieds dans le fond de la cabine. Normalement, il n’y a pas d’eau dans cet endroit et je n’ai pas rentré de ciré trempé, don j’éponge, et une minute après, je vois de l’eau qui arrive à nouveau. Et quand j’ai ouvert la trappe du moteur, c’était Titanic, la piscine. J’ai retiré 3/4 seaux de 10 litres, tout ça avec de la mer bien chaotique qui bouge de tous les côtés. Et je vois que le presse-étoupe cette pièce qui fait l’étanchéité entre le milieu aquatique et l’arbre d’hélice qui est plombé, ne jouait pas son rôle. A chaque vague, dès que ça tapait, il y avait de l’eau qui sortait de ce truc là. J’ai fait ça toute la nuit : éponger des seaux, des seaux. J’ai vomi je ne sais pas combien de fois. J’ai réussi à dormi un peu quand même. J’ai fait le choix d’aller un peu plus au Sud où ça tape moins. Ce qui peut être pas mal en termes météo, puisqu’il se peut qu’il y ait une petite porte de sortie. On a quitte le plateau continental, là il y a 4000 mètres de fond. La mer s’est un peu calmée. J’ai réussi à dormir mais sinon un toujours pareil : j’ai du mal en début de course, a fortiori quand il y a un problème mécanique. La météo est cool, mais dans quelques heures, on va avoir deux petits front à passer dans 30 nœuds, il ne faudrait pas que ça empire les choses. Donc, étape par étape, on avance. J’ai hâte de toucher les alizés, que ça glisse, d’envoyer un spi et que je n’ai pas de problèmes de moteurs. On passe par plein de phases dans la tête. Wow, merci la Route du Rhum !
« Tout va bien, la nuit était plutôt tranquille, nous avançons dans un flux d'environ 15 noeuds de vent, parfois un peu moins. Les conditions sont assez cool, ça m'a permis de bien me caler, de bien faire marcher le bateau et d'en profiter pour me reposer un peu. Là j’ai devant moi un joli levé de soleil. Ces conditions assez agréables devraient continuer pendant encore une bonne partie de la journée avant que le vent se renforce mais rien de très méchant pour ce premier front ! À plus ! »
« Bonjour, la nuit est tombée dans la grisaille et je me suis fait un hachis parmentier. Cela n’a rien d’exceptionnel mais ça fait sacrément du bien de manger chaud. On joue à saute-mouton vers l’Ouest. À bord tout va bien. On a fermé la véranda car dehors c’est super humide ; je me suis fait rincer deux trois fois ; Ça va l'eau n’est pas trop froide. J’ai vu des dauphins jouer à saute-mouton aussi ; mais possible de les capter devant l 'objectif. Je suis focus vers la bascule qui devrait arriver demain matin et repartir à nouveau à l’Ouest : le vent est très irrégulier et la mer rend l'exercice d’écriture délicat et toute la vie à bord. Le moral est bon : ) »
Ça va nickel. Je suis content que la pénalité ait été levée. Je ne comprenais ce qui c’était passé départ car j’avais pris de la marge et il y avait des bateaux devant. C’est une bonne nouvelle ! Les conditions sont là avec le match qu’on attend ! Je ne sais pas ce qu’il s’est passé mercredi soir, j’ai mangé mon premier repas et trente minutes après j’avais hyper mal au ventre, pourtant il n’y avait pas de mer. J’ai vomi et c’est passé, mais j’ai vécu quelques heures difficiles, ça ne m’a pas aidé. J’ai fait quelques petites bêtises parce que je n’avais pas beaucoup d’énergie. Ça aurait pu être mieux mais c’est pas mal ! Je me repose sur mes routeurs. Je ne regarde pas beaucoup la météo. Il y a tellement de travail sur le bateau qu’on n’arrive pas à tout faire, ce n’est pas simple ! Depuis le début, les modèles sont différents. J’en ai marre de faire du près, même si je ne vais pas me plaindre par rapport aux autres bateaux. J’ai hâte de retrouver des conditions de vents portants. On a mis du sud dans notre route parce qu’on n’arrivait pas à se placer. On a vu que tout le monde suivait, ce qui est plutôt une bonne chose pour nous. Ce n’est pas simple de savoir où aller, on ne sait pas bien derrière si on va partir au portant ou si on va aller chercher un deuxième front
J’ai eu une grosse galère cette nuit : un morceau de filet s’est pris dans le safran. Ça m’a vraiment embêté toute la nuit. En plus, une bouteille de liquide vaisselle est tombée dans le fond du bateau, qui est devenu une patinoire. Je suis tombé sur la tête. J’ai un beau bleu mais ça a l’air d’aller. Le bateau avance bien et je suis à nouveau dans la course. Actuellement, je marche environ à 9 nœuds, positionné sur la route directe. Ça tape pas mal mais ça avance bien. Je suis plutôt content de ma situation actuelle mais il faut voir ce que font aussi les copains. J’ai eu tellement de galères jusqu’à présent que je suis épuisé. J’essaie de récupérer tranquillement, de dormir un peu plus car je n’ai pas du tout dormi la première nuit. J’ai eu une grosse galère aussi pour passer le DST. Il y avait un peu de courant. On a dû tirer des bords avec trois-quatre bateaux. Ça a été un peu dur pour en sortir aussi à cause du courant. Niveau stratégie, j’ai raté le coche. J’aurais pu passer dans le nord du DST plutôt que de tirer des bords à l’extérieur et de galérer derrière. Je vais essayer de reprendre un peu des forces, de remettre un peu la machine en route.
Ça se passe pas mal. J’ai mis le bateau un peu en sécurité depuis quelques heures. J’ai entre 35 et 40 nœuds de vent avec quelques rafales et pas mal de mer. Je suis 3 ris seuls et ça me permet de passer dans les vagues. Là, j’avance entre 9 et 10 nœuds. J’ai ralenti un peu, c’est dommage. J’ai mis un peu la course entre parenthèses, ce que je savais que je ferais. J’ai pu réduire mes voiles au fur et à mesure, tout est nickel. J’ai encore deux ou trois heures à passer comme ça. Je guette le moment où je vais pouvoir remonter mon J3 pour accélérer. Il y a encore 38-40 nœuds en permanence donc je ne suis pas pressé ! Dès que tout ça molli, je réattaque et ça devrait bien se dérouler derrière. Il n’y a pas de raisons. Le risque, c’était de déchirer une voile et d’en être privé ensuite. C’est pour ça que j’ai roulé ma voile d’avant pout que le bateau soit en sécurité et pouvoir dérouler après !
Ça bouge pas mal. Depuis hier, il y a beaucoup de mer et avec le vent qui est rentré, ça bouge. Je me repose dans le front, je suis en pyjama et je dors ! Avec l’excitation, je n’ai pas beaucoup dormi la nuit avant le départ et forcément je n’ai pas dormi la première nuit en mer, lorsque l’on était en nord Bretagne. Heureusement, depuis cette nuit, j’ai pu me reposer beaucoup. J’ai la forme qui revient ! Les prochaines 24 heures vont rester au près. J’ai l’impression que pendant une semaine on va faire du près ! On va aller rechercher le sud-ouest derrière le front. La problématique, c’est que je ne vois pas du tout comment on va attraper les alizés. Le scénario n’est pas facile pour nous. Là, je ne sais pas trop ce qu’il va se passer
J’ai bien dormi cette nuit. La première avait été un peu plus compliquée. Là, c’est du tout droit ! On essaye de se reposer. Ce n’est pas évident, ça tape pas mal, la mer n’est pas très jolie. Je ne sais pas si c’est que moi, mais c’est récent pour moi avec le scow et il tape beaucoup plus que l’ancien bateau. J’ai l’impression qu’on a moins de vent que les fichiers annoncés, est-ce que c’est un peu moins fort, est ce que ça va arriver après, mais je pense qu’on va tous faire attention à réduire la voilure, sauf certains – qui ont notamment volé le départ - qui reviennent de derrière et qui reviennent fort. Les prochaines heures ne sont pas très claires. On va avoir une zone de vent fort, puis une zone de molle, et ensuite à nouveau du vent fort. A un moment, on va plonger au sud et c’est tout ce que je sais. La suite est très incertaine. Je ne sais pas comment on va faire pour rejoindre les alizés. Ce n’est pas simple mais c’est à nous de mettre les limites que l’on veut ! Tout va bien à bord du bateau à part mon matelas qui se dégonfle. C’est un peu pénible
Les Ocean Fifty, on est une famille, on reste tous ensemble ! Cette nuit a été propice au repos. J’ai du passé plus de temps à dormir qu’à être réveillé, et je vais vite retourner à la bannette ! L’idée, c’était d’éviter ce passage de front. Pas grand monde s’est posé la question et ça s’est vu à la pointe Bretagne. Chez les Ocean Fifty et sans concertation, il n’y pas eu beaucoup de doutes sur la stratégie. Les prochaines 24 heures vont être plutôt cool on va continuer notre long bord bâbord en direction du front et ensuite chacune décidera de là où il veut le croiser. Au moins jusqu’au milieu de journée prochaine, on va être dans des conditions vraiment tranquilles et c’est pas mal
Départ J+1 : Jeudi 10 Novembre 2022
Je viens de virer et je navigue dans 20 nœuds au près. Le vent va monter progressivement dans la journée et on devrait passer le front en fin de nuit prochaine. La houle arrive déjà de l’ouest, ce qui est un signe reconnaissable. Le bateau ne va pas mal, c’est un peu plus dur bâbord amures face à la houle
L’enjeu aujourd’hui est de se reposer au maximum. On passera le front à environ 150 milles à 200 milles au large de La Corogne. La situation est toujours raccord avec les prévisions de départ. Là, on est plutôt dans la finesse de la trajectoire. J’ai une petite pensée pour Sam (Goodchild) aussi. Sa mésaventure m’est arrivée une fois. Le winch saute et le moulin part à l’envers avec toute la charge de l’écoute dessus
Ça m’a mis un coup au moral de voler le départ mais j’ai réussi à faire ma réparation sans trop perdre de terrain. Il y a 48 heures pour réparer et le seul moment où il n’y avait pas beaucoup d’air, c’était au cap Fréhel, d’autant qu’il y avait du courant. Le moral est bon, c’est décevant de commencer une course avec une pénalité, mais je suis tellement content d’être ici que tout va bien. J’ai recollé aux autres IMOCA et il y a encore 3 400 milles à faire, ce n’est pas fini ! Il faut aller chercher le front qui va passer dans la nuit de vendredi à samedi et ensuite repiquer vers l’anticyclone
J’essaie d’éviter le gros de la perturbation qui est juste à gauche de la pointe Bretagne. Je fais un beau début de course même si j’ai pris un très, très mauvais départ. Je me suis fait complètement encercler par les Rhum Mono. Il y en a deux qui se sont rentrés dedans. J’ai tout fait pour que mon bateau ne les touche pas. Je crois que certains ont grillé le départ. Je ne sais pas exactement qui. J’étais content de ne pas l’avoir grillé moi parce que je suis parti un peu à la traîne à cause de ça. Et puis, j’ai petit à petit rattrapé la flotte et je crois que je n’étais pas trop mal positionné au Cap Fréhel
Je me suis un peu emballé sur le départ, il y a pas mal de monde qui est monté sur la ligne. J’ai oublié de regarder la carte et je me suis fait piéger comme un jeune. Après, il y avait une bonne opportunité d’effectuer ma pénalité à Fréhel alors que tout le monde luttait contre le courant avec très peu de vent. Globalement, ça a été une bonne opération dans la mauvaise opération qu’est la pénalité. Là, on est reparti, au près. C’est assez agité, venté, jusqu’à 27 nœuds au passage de Ouessant. On commence à faire route vers l’Ouest sur un très long bord qui va nous prendre 2 à 3 jours. Les perspectives des prochains jours ne sont pas très marrantes avec une météo délicate sur la 1ère moitié voir les 2 tiers de la Route du Rhum
Départ J+17 : Vendredi 25 Novembre 2022
C’est en voyant les lumières de la Guadeloupe de nuit qu’on prend conscience de ce que l’on vient d’accomplir. Une traversée de l’Atlantique en solitaire entre St Malo et la Guadeloupe. Banal pour un marin, pas si extrême que ça par rapport à un Vendée Globe me diriez-vous ? Et pourtant cette transatlantique (8ème pour moi) a été sans aucun doute le plus difficile de toutes. Les conditions météos étaient extrêmement éprouvantes pour le bateau et l’homme. L’environnement était stressant et les périodes de répit toujours trop courtes. Il n’y a qu’aujourd’hui que j’ai pu passer quelques minutes à l’avant du bateau sans être accroché et trempé. Cela résume l’ambiance de cette transat. Le bateau a été chahuté, mais le marin aussi. Je pense que j’ai encore perdu quelques points de vie et gagné des cheveux blancs. Bref, je n’étais pas parti pour une promenade mais franchement je suis heureux d’avoir réussi à traverser cette épreuve et à m'accrocher jusqu’au bout. Ce genre de défi est une introspection. Il s’en passe des choses dans notre tête. Des décisions à prendre seul et en urgence. Je pense que j’ai appris énormément sur moi, sur mes capacités et mes faiblesses, sur ce que j’aime par-dessus tout et ce que déteste. Sportivement je ne vous cache pas que c’est une déception, je ne dirais pas une désillusion car je savais que mon déficit au près et au reaching allait être problématique. Je pense que j’arrive tout de même à m’en sortir mais malheureusement la porte météo s’est ouverte par devant et les riches sont devenus encore plus riches… Alors oui c’est frustrant, oui je suis quand même content de terminer dans le top 10 de la Route du Rhum. Mais ce qui me rend heureux aujourd’hui c’est d’avoir inscrit un objectif de plus dans ma carrière de marin, un défi de plus dans ma vie d’homme et surtout d’avoir partagé cette aventure avec tous les gens qui m’entourent. Je suis fier d’avoir traversé l’Atlantique mais je suis encore plus fier de l’équipe que nous avons fédérée autour de ce projet et de la maladie de Stargardt !
Ici tout va bien, forcément avec moins de voile il y a moins cette histoire de choix cornélien de "quel spi je vais mettre ?". Il m'en reste qu'un seul et le grand dc j'alterne entre spi et code 0. Aujourd'hui je pense avoir frolé le coup de chaud en renvoyant le spi justement, en plein soleil sans trop m'en rendre compte. J'étais bien KO et j'ai passé l'après midi avec une casquette trempée sur le casque pour faire redescendre tout ça. Sinon tout va bien, on approche de la barre des moins de 1 000nm de l'arrivée donc ça c'est cool même si c'(est un vrai plaisir d'être comme ça dans les alizés au soleil ! Là j'ai hâte d'arriver forcément mais je suis sûr que cette vue à 360° sur la mer et ce ciel étoilé comme nulle part me manqueront immédiatement. Comme on dit, pour vite repartir, il faut vite arriver!
Départ J+20 : Mardi 29 Novembre 2022
Bonjour a tous, C'est nous les derniers de la classe ceux qui trainent au fond pres du radiateur ! En fait il fait chaud dans les bateaux sous le soleil tropical et on respire seulement sur le pont mais attention aux coups de soleil .Sur le voilier sos pare brise plus c'est comme dans une serre , il n y a pas de capots ouvrant sur la partie habitable ,resultat je ne suis bien que sur le pont pour respirer,manger et si ça continue dormir Au fait j 'ai une devinette qui vient de sortir de ma nuit de cogitation : quel est le comble pour un navigateur solitaire sur la RdR ? Hé bien c'est de faire une dépression en plein anticyclone !!! Les navigateurs appreciront , je vous rassure c'est pas mon cas pour la depression , l idée c'est d'arriver avant la fermeture de la ligne le 7 decembre et c'est pas gagné ! Je reviens sur mes précedents déboires de pilote automatique pour le neophite et faire la comparaison avec un être humain le bateau c'est le squelette , le mat et la quille c'est les bras et les jambes ,les voiles c est les muscles , le moteur c'est le coeur et le pilote automatique c'est le cerveau et si le cerveau ne fonctionne plus .... A bientôt si dieu veux ! ( expression créole )
Départ J+21 : Mercredi 30 Novembre 2022
Bonjour à tous ! en cette 20 ème journée de mer , je profite enfin de vents relativement bénéfiques qui me permettent d'arrondir la trajectoire vers l'ouest en attendant la grosse zone de calme du week end prochain. Depuis ce matin les alizés toniques de 20/23 nds de secteur 110/115 nous poussent babord amure sous gv 1 ris / solent à 8 nds de moyenne environ. ça fait du vbien de retrouver une allure plus conforme à la RDR après les péripéties d'hier et il me tarde d'attaquer dans les 24 heures cet empannage pour pointer sur la vigie distante de 1437 milles ;le final va êre stratégique par ce contournement de molle et cette arrivée par le sud tribord amure , symbolisant définitivement cette RDR par le sud , option totalement improbable au départ! Belle journée à vous et n'oubliez pas , le mercredi tout est permis!
Départ J+22 : Jeudi 01 Décembre 2022
Tout va bien à bord de Kornog II. J’ai passé une nuit cool sans alarme, le bateau file tout seul. Ce matin j’ai sorti le spi bien sûr. J’ai eu un petit problème de chaussette mais j’ai affalé et c'est reparti. Pour l’instant il n’y a pas trop de grains. Mais des nuages qui apportent de la pluie mais pas de vent. Aujourd’hui ça va cogner car il y a peu de couverture nuageuse. J’avance entre 8 et 14 nœuds, cap 277. Hier j’ai passé une journée sous spi plutôt mollassonne avec 10 à 15 nœuds de vent. Les alizés ne sont plus ce qu’ils étaient ! Elora est assez loin derrière moi, maintenant il faut juste que j’assure la fin de course. J’ai l’impression que la moitié des Rhum Mono vont arriver hors temps malgré le report de fermeture de la ligne. C’est pas cool. Et il y a vraiment beaucoup de sargasses. Elles s’accrochent dans les hydrogénérateurs et font vibrer le bateau. Je suis obligé de recharger les batteries au moteur. Vivement la glace au coco car dans le bateau il fait 32 ° et à chaque manœuvre tu perds 1 litre d'eau.