A bout de souffle, épuisé, ému, Thomas Ruyant a fait vibrer le ponton devant le Macte à Point-à-Pitre. Le skipper de LinkedOut raconte sa course engagée, son immense envie de gagner, son amour pour ce sport qu’est la course au large.
« Je crois que c’est la plus belle victoire ! Elle est particulière par l’engagement que l’on a tous mis, moi le premier. J’ai du mal à trouver les mots parce que je suis bien bien cramé. Je n’ai pas beaucoup dormi ces dernières 36h, la météo a fait que pour arriver en tête, ce n’était vraiment pas évident. Je suis heureux d’arriver devant… Je suis ému parce que cette Route du Rhum, c’est un monument de la course au large et du sport en général. Il y avait 38 bateaux au départ avec de sacrés marins. Je suis un compétiteur, celle-là, je voulais vraiment la gagner. J’avais une grosse grosse envie. C’était aussi parce que c’était la dernière avec ce bateau-là, et pour remercier mon équipe fidèle. C’est un vrai sport collectif, je marque le but, mais il y a du monde derrière. Mes paroles sont confuses parce que j’ai beaucoup de fatigue. C’était intense, dense. J’ai beaucoup aimé la deuxième partie de la course, plus adaptée à ma façon de naviguer, plus adaptée à mon bateau aussi. »
Une deuxième partie de course magique
« J’ai croqué Charlie avec de l’envie et de l’engagement même si je sais que lui-aussi en met beaucoup. Je n’ai pas fait d’erreur sur mes trajectoires. Il y avait une stratégie globale, mais aussi beaucoup d’activités nuageuses dans ces alizés avec beaucoup de grains. Il fallait s’en servir, ce que j’ai bien réussi à faire. Il fallait de l’inspiration et de la chance. Il faut de la réussite aussi, mais il faut la provoquer. Cette deuxième partie de course était comme dans un rêve, c’était magique. Quand je passe devant Charlie, je sens qu’il remet une grosse couche et du coup, j’en ai remis une encore plus grosse. Franchement, je suis content d’arriver parce que ce n’est pas un rythme que l’on peut tenir sur un Vendée Globe, c’est un véritable sprint. »
Un sacré bateau
« Je crois que j’ai rarement été aussi fatigué à l’arrivée d’une course. Sur le tour de La Guadeloupe, je vacillais, je ne tenais plus sur mes jambes. Ce qui est beau dans ce sport, c’est que c’est un tout : un bateau bien prêt, de la stratégie, du physique, du mental… C’est ce qui m’anime dans ce sport, plus j’en fais, plus j’ai envie d’en faire, je n’ai pas envie de m’arrêter là.
C’est un bateau avec lequel j’ai fait beaucoup de milles, un tour du monde, une victoire avec Morgan Lagravière sur la Transat Jacques Vabre, et là c’est la consécration. Je ne sais pas si j’ai envie de le refiler à quelqu’un d’autre. C’est un sacré bateau. »