Petit pépin de système de remontée de foil pour François Gabart, RAS pour Charles Caudrelier. Et en 24 heures, voilà le leader qui s’échappe, bien calé tribord amures en route directe vers la Tête à l’anglais. Thomas Coville s’accroche, derrière c’est le trou. Les positions sont-elles acquises pour autant à 1100 milles de l’arrivée ?
Ça sifflait fort dans le casque de François Gabart ce matin à la vacation. Pourtant, le skipper de SVR Lazartigue décrivait des conditions encore transitoires, entre bordure de l’anticyclone et alizés clairement établis « Le vent oscille entre 12 et 18 noeuds, on est souvent à la limite du décollage et il faut être sur les réglages en permanence ». Comme Thomas Coville (Sodebo Ultim 3) 50 milles derrière lui et Charles Caudrelier (Maxi Edmond de Rothschild) à 100 milles devant, les skippers achèvent leur série d’empannages sous l’anticyclone et peuvent maintenant mettre le cap sur Pointe à Pitre tribord amures dans un alizé qui va prendre du coffre dans les prochaines heures. Un alizé bien calé à l’Est qui devrait permettre de rejoindre le Nord de la Guadeloupe en un grand bord fumant. Au bout de la route, l’îlot de la Tête à l’anglais à laisser à bâbord marquera mardi soir l’entrée dans le money time de la Route du Rhum - Destination Guadeloupe, autrement dit le contournement de l’île Papillon qui avait piégé François Gabart il y a quatre ans.
Tout reste encore possible donc à 48 heures de l’atterrissage sur l’île, d’autant qu’aux vitesses où évoluent les bateaux de tête, le moindre pépin ressemble à une hémorragie. Mais c’est SVR Lazartigue qui en a fait les frais hier. La réparation du système de remontée du foil bâbord qui avait cassé a obligé François Gabart à ralentir deux bonnes heures. Bilan sur 24 heures : son retard de 30 milles a triplé, cumul de cette halte et du tempo des empannages sous la bordure de l’anticyclone qui en a pâti. Tout est donc à refaire pour le dauphin en Ultim 32/23, mais il ne reste plus qu’un petit tiers de cette Route du Rhum-Destination Guadeloupe pour rattraper le leader qui ne commet décidément aucune erreur, avec une impression de facilité bien trompeuse : « On s’arrache les cheveux avec des conditions pas faciles du tout. Je suis fatigué au point de ne plus réussir m’endormir » confiait cette nuit Charles Caudrelier.
Une considération qui intéresse les skippers à tous les étages du classement. « Le plus facile à compter depuis le départ de cette Route du Rhum, ce sont les heures de sommeil ! » résumait en creux Yves Le Blévec (Actual Ultim 3), toujours au coude à coude avec un Francis Joyon (Idec Sport), qui fait de la résistance. « Je ne suis pas certain que l’alizé sera beaucoup plus propice au repos car il y a toujours beaucoup à faire et veiller les grains, mais ce sera sympa de naviguer vite et dans la bonne direction », ajoutait le trinitain, pas fâché d’en finir avec la tortueux périphérique des Açores mais frustré par un début de course où il s’est fait décrocher dès jeudi dernier dans le golfe de Gascogne.
En queue de peloton, Armel Le Cléac’h (Maxi Banque Populaire XI) fait un retour à grandes enjambées, saluant de loin Romain Pilliard (Use it again ! by Extia) et a déjà rejoint la latitude des Açores. Il devrait pouvoir remettre du Sud dans sa route dès ce soir à la poursuite d’Arthur Le Vaillant (Mieux), 600 milles devant ses étraves qui n’a pas intérêt à trainer en route s’il veut conserver sa sixième place à Pointe à Pitre.