Après l’abandon de Louis Burton (Bureau Vallée) sur démâtage, il reste 35 IMOCA en course. En raison d’une voie d’eau dans la zone de vie de son bateau, Fabrice Amedeo (Nexans – Art & Fenêtres) se déroute vers Cascais, tandis qu’Oliver Heer (Oliver Heer Ocean Racing) est en escale technique à Port-la-Forêt. Après son démâtage, Damien Seguin (Groupe Apicil) est arrivé à bon port à Lorient, à 13h45 ce dimanche. Charlie Dalin (Apivia) caracole toujours en tête de la flotte, devant un groupe de poursuivants compact et déterminé à contester sa suprématie. Les marins naviguent ce dimanche dans un flux instable qui nécessite encore une grande vigilance. Tous n’ont qu’une hâte : enfin accrocher les vents portants qui mènent en Guadeloupe.
La flotte IMOCA est mise à rude épreuve depuis le départ de Saint-Malo dimanche dernier. Trois abandons sont à déplorer dont celui de Damien Seguin (Groupe Apicil) qui est arrivé aujourd’hui à son port d’attache de Lorient. Ce matin, Fabrice Amedeo a subi une rupture du ballast tribord de son IMOCA, entraînant une voie d’eau dans la zone de vie. Parc de batteries inondé, grand-voile déchirée : le skipper n’a d’autre choix que de faire route vers Cascais (Portugal) sous J3 seul. Les incidents à répétition ont forcément marqué les marins encore en course, à l’instar de Maxime Sorel (V and B – Monbana – Mayenne) : « Les démâtages de Louis (Burton), Aurélien (Ducroz) et Amélie (Grassi), puis le chavirage de Thibaut (Vauchel-Camus) ont jeté un froid d’un coup. Même si le jeu est ouvert, ce n'est vraiment pas le moment de casser. Depuis le début de la course, j’essaie de placer le curseur au bon endroit, en naviguant parfois un peu en deçà. »
« La météo n’est pas du tout facile à appréhender »
Le passage d’un front très violent hier n’a pas marqué la fin de la bataille pour les skippers. Joints en vacation ce dimanche, tous ont raconté une navigation délicate, dans un vent très changeant. « Les conditions sont plus faciles mais elles restent toniques. Il y a de la mer, des rafales, le vent passe de 6 à 23 nœuds, difficile de trouver le bon réglage, entre être surtoilé et sous-toilé. Le mode d’emploi n’est pas simple à trouver », disait par exemple Sébastien Marsset (Mon Courtier Energie – Cap Agir Ensemble). La suite des événements s’annonce hautement stratégique pour glisser au Sud de l’anticyclone des Açores et enfin décrocher l’alizé tant espéré. «_ La météo n’est pas du tout facile à appréhender, les choix sont durs à faire et on vit vraiment au jour le jour. Je suis comme tout le monde, je me pose des questions sur la stratégie à suivre_ », explique Isabelle Joschke (MASCF).
Du portant d’ici deux jours ?
« Cela commence à être usant de faire du près. Ce n’est vraiment pas agréable, ça tape beaucoup. J’ai hâte de rentrer dans l’anticyclone et de pousser vers le Sud », confie de son côté Giancarlo Pedote (Prysmian Group) privé depuis hier d’une voile importante, le J2. Même état d’esprit du côté de Maxime Sorel : « J’en rêve de l’anticyclone. Là on est dans des angles hyper serrés au près, ce n’est pas agréable pour le bonhomme et pour le bateau. Vivement les alizés : le bleu caractéristique de la mer, le soleil, les poissons volants, les belles glissades... Pour le moment, c’est un peu la boucherie !» Thomas Ruyant (LinkedOut) décrit lui aussi « une mer chaotique et une navigation sauvage ». « Comme tout le monde, je suis impatient de retrouver une mer plus praticable mais ce n’est pas pour tout de suite. Je pense que d’ici deux jours, on pourra faire un peu de portant », ajoute le skipper nordiste.
La meute aux trousses de Charlie Dalin
Thomas Ruyant navigue bord à bord avec Jérémie Beyou, 2e sur son nouveau Charal. D’autres marins à bord d’IMOCA neufs s’en sortent très bien, à l’instar de Paul Meilhat (Biotherm), Kevin Escoffier (Holcim-PRB) et Maxime Sorel. On peut également saluer la jolie performance de Justine Mettraux (Teamwork.net), bien installée dans le Top 10. Tout ce beau monde est toujours en chasse de Charlie Dalin qui, comme il nous en a habitué, rend une copie quasi parfaite et fait très peu d’erreurs. « Charlie est l’un des marins les plus talentueux et il a un bateau très rapide, souligne Thomas Ruyant. Il sera dur à aller chercher mais je me battrai jusqu’au bout ! »
Tandis que le groupe des leaders aborde l’archipel des Açores, la flotte s’étire sur plus de 1 000 milles entre le leader et le skipper fermant la marche, Nicolas Rouger (Demain c’est loin). Et comme toujours en IMOCA, la bagarre fait rage à tous les étages.