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Encore 30 solitaires en mer…

24 nov. 2022 - 15:27|Temps de lecture : 6 min

Axel Trehin (Project Rescue Ocean)

© Martin Keruzoré (Project Rescue Ocean)

Ce jeudi, sept solitaires en ont désormais terminé avec cette 12e Route du Rhum - Destination Guadeloupe. Les arrivées se suivent et se ressemblent sur un point : à la fin, dans le sillage du grand vainqueur Yoann Richomme (Paprec Arkéa), c’est bien le mélange des émotions - entre énorme satisfaction et pointe de frustration - qui l’emporte. Bientôt, ce sera au tour de l’Italien Alberto Bona (IBSA) d’enfin affaler les voiles après 15 jours de course durant lesquels, il aura fait preuve d’une belle constance aux avant-postes. Il est attendu en début d’après-midi, heure tropicale, sur le ponton de Pointe-à-Pitre. Joints à la vacation Axel Tréhin (Project Rescue Ocean) entame les derniers 200 milles qui le séparent de l’arrivée, quand Stan Thuret (Everial) a dû plonger sous son bateau au beau milieu de l’Atlantique pour dégager et récupérer son spi. Une sacrée expérience aux confins de l’aventure humaine sur cette épopée océanique sans nulle autre pareille…

Joints à la vacation ce jeudi matin

Axel Trehin (Project Rescue Ocean) : « Assez content de la façon dont j’ai réussi à naviguer »
« Ça va pas mal. Je viens de profiter a priori de mon avant-dernier lever de soleil sur cette Route du Rhum 2022. Dans la mesure où j’ai commencé par 4h de pénalité et que j’ai pété une barre de flèche qui m’a obligé à m’arrêter, je ne suis pas ravi, ravi ; mais je suis quand même content d’arriver et d’avoir réussi d’être allé au moins jusque-là où je suis maintenant. Je suis assez content de la façon dont j’ai réussi à naviguer. Depuis hier en fin d’après-midi, après quelques jours dans des alizés bien soutenus et relativement stables, on a eu de gros passages de nuages. Il y avait soit du vent jusqu’à 30 nœuds, soit des molles. Je viens de sortir d’une molle avec 4 nœuds de vent, avec des variations d’angle de 40 à 50 degrés. C’est au portant mais on a un peu toutes les conditions. J’ai hâte d’arriver parce que j’ai hâte de me laver. Je me sens sale mais je vais peut-être réussir à prendre une douche aujourd’hui. Ça va être un peu plus calme. Après, niveau fatigue, je serai content de faire une vraie nuit, mais quand ça allait vite au portant, j’arrivais bien à dormir et là forcément, vu que le vent est hyper irrégulier, je n’ai pas dormi depuis un petit moment. Mais j’ai bon espoir qu’après le lever du jour, ça soit à nouveau un peu plus régulier et que j’arrive à me reposer avant le tour de la Guadeloupe. J’espère que Martin (Le Pape) va m’attendre et qu’on finira la bataille en duel dans la baie. En théorie, on a entre 10 et 20 nœuds de vent relativement stable de secteur est. Dans la pratique, si on continue à avoir des nuages comme ça, ça va être la foirasse, mais en moyenne on aura 15 nœuds de portant. Ça sera moins fort que ce que l’on a eu les quelques derniers jours, donc c’est sûr que l’on ne va pas réduire les écarts avec ceux qui nous précèdent. »
J’ai suivi la course des Class40 via Pos Report. Je n’ai pas trop regardé les autres classes. J’ai eu quelques infos via WhatsApp. C’est sûr que Yoann, on était à côté l’un de l’autre quand on a fait notre pénalité au cap Fréhel au départ. Il est fort, il va vite tout le temps et il est tout le temps au bon endroit. Il n’y a pas grand-chose à faire. J’ai échangé un peu avec Ian Lipinski qui est un super pote quand on n’était pas trop loin. Là, je le sens un peu moins bavard. Sinon j’ai pas mal causé avec mes autres copains, avec Luke Berry, avec Antoine Carpentier, Nicolas d’Estais, Pierre Casenave-Péré…Il n’y a guère que Simon Koster qui n’est pas bavard parmi les copains, mais on se rattrapera à l’arrivée ! »

Stan Thuret (Everial) : spi dans l’eau, et plouf sous le bateau
« Hier, j’ai dû faire un truc que je n’avais jamais fait : j’ai plongé sous le bateau en plein milieu de l’océan. C’était sacrément rigolo et flippant à la fois. Il fallait que je change de spi et je pense que l’on est tous un peu fatigués. On ne se rend pas compte mais il fait chaud. On est un peu moins alerte, un peu moins mobile et j’ai tardé un peu à rattraper mon spi. J’ai 1 mètre de spi qui a pris l’eau et tout le spi est parti. Heureusement, il était encore attaché au bout de la drisse mais je me suis retrouvé avec le bateau en travers de la piste, à essayer de le remonter. J’ai commencé à tirer dessus, et ça a lâché. J’ai vu que les écoutes étaient coincées dans les safrans. Je me suis retrouvé face au vent dans 20 nœuds, avec un bon clapot de 50 cm à 1 mètre. J’ai transpiré parce qu’il faisait chaud. J’ai levé les safrans, continué à tirer parce que je n’y arrivais pas. Il y a un bordel pas possible sur le bateau. Il y a des écoutes dans tous les sens. Je ne comprenais pas pourquoi ça bloquait. Je me suis dit que j’allais aller dans l’eau. Le bateau n’avançait pas. Il était vraiment à l’arrêt face aux vagues. Les écoutes étaient emmêlées. J’ai été obligé d’aller sous le bateau une première fois, de remonter sur le bateau, et rebelote… En gros ça m’a pris une heure, j’étais trempé. Je suis content de l’avoir fait mais sur le moment, tu te dis que si le bateau était parti, je ne sais pas comment ça serait terminé. Sur l’instant, on est capable de faire des trucs marrants. C’était chaud mais après c’était magnifique. La couleur de l’eau était juste incroyable. Ça donnait envie de rester plus longtemps dedans. J’ai bien dormi cette nuit, j’ai bien mangé et j’essaie de faire gaffe sur les prochaines manœuvres. Mais sinon, ça va ! Tout va bien à bord, il fait beau, il y a 20 nœuds. On est sous spi, ça glisse. Il me reste encore trois jours à tenir. Heureusement, il y a des petits moments de joie, des petits couchers de soleil, des petits poissons volants. Par contre je suis très déçu, je n’ai vu qu’un seul dauphin depuis le début de la transat. J’ai 20 nœuds, pas de grain, un soleil un peu pâle. Des nuages, mais pas des nuages de grains. La mer est quasiment plate. Le bateau marche bien. Je fais des pointes à 16 nœuds donc je suis content, ça glisse. Tout va bien, ça doit mollir gentiment. Il fait 27,2 degrés dans l’air et 27,8 degrés dans l’eau. On commence à être dans une petite boîte un peu humide. Mon programme : continuer ce bord au moins jusqu’à demain matin et après il va falloir choisir un moment pour aller jusqu’à la Guadeloupe. Il me reste 900 milles et des bananes. On enchaîne le petit rythme quotidien et je dois refaire un peu de météo. »

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