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Journée sous haute tension

14 nov. 2022 - 15:30|Temps de lecture : 4 min

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Thomas Lurton - Moxie - Bâti - Armor © DR

La situation météorologique actuelle est compliquée à négocier pour la catégorie Rhum qui affronte, en cette mi-journée, le violent front froid associé à l’ex-cyclone Nicole. Le front va balayer la flotte positionnée actuellement au large de l'Espagne, une situation tendue pour tous les marins engagés sur cette Route du Rhum - Destination Guadeloupe. Le mode lavage-rinçage est enclenché dans le grand tambour Atlantique.

Tous au front… encore…
Les monocoques restent aujourd’hui les plus exposés, eux dont la vitesse des bateaux ne leur a pas permis de gagner suffisamment dans le sud. “Pour l’instant ça va, trinquette 3 ris et ça tape dans 25-30 nœuds, nous confiait Olivier Nemsguern - ELORA, à 10h44 ce matin. “Le plus dur est à venir. Je vais prendre le 4ème ris en début d'après-midi". Le plus dur devrait s’apparenter à un vent moyen entre 40 et 45 nœuds, avec des rafales jusqu’à plus de 50 nœuds. On parle bien ici de tempête, associée à un mer très forte et désordonnée jusqu’à 6 mètres de houle. Oubliez la course, la première des priorités ici est de faire le gros dos et de se mettre en sécurité soi et son bateau. Et malheureusement, ce n’est pas fini : “les retardataires vont devoir encore enchaîner des fronts parce que la situation reste très dépressionnaire dans un flux d’ouest, surtout la mer devient forte et croisée”, indiquent les prévisionnistes de Météo Consult. Le front devrait passer assez vite, suivi d’une bascule d’ouest à 15-20 nœuds - un répit de très courte durée - avant qu’un nouveau front reprenne assez rapidement derrière, avec à nouveau du vent fort.
Seule “consolation” dans ce ténébreux tableau, la direction du vent qui devrait tourner au nord ouest et leur permettra, par la suite, de mettre du sud dans leur route pour progresser vers les Açores. En attendant, plusieurs ont fait le choix d’incurver leur route pour passer au mieux dans cet océan Atlantique décidément bien hostile.

Concentration extrême
Pour les multicoques, en dessous du 42° parallèle et moins exposés, la situation semble moins dantesque.
Ce matin au large du Portugal, Thomas Lurton (Moxie Bati-Armor), à l’est de la flotte faisait état de conditions encore très maniables : “ J’ai actuellement 12-14 nœuds au près. Les conditions que l’on va avoir aujourd’hui ont un peu changé. Je m’étais préparé à aller le plus au sud possible pour échapper au reste de la dépression tropicale et finalement, elle est un peu en retard et un peu plus au nord". De quoi gagner quelques précieux milles salutaires pour échapper au plus fort du front.
Les multicoques sont “mieux” lotis mais essuient tout de même des rafales jusqu’à 40 nœuds assorties, là encore, d’une mer forte. La vigilance et la concentration restent donc de mise d'autant que le chavirage de Brieuc Maisonneuve (CMA Île-de-France - 60000 Rebonds), hier, résonne encore dans toutes les têtes. Halvard Mabire (GDD) nous confiait être lui aussi passé proche de la correctionnelle : “Hier, il y avait des rafales qui venaient de nulle part. C’est un petit peu chaud quand même ! J’ai bien, bien levé la coque et heureusement, j’avais les écoutes pas loin et le bateau s’est reposé”.

Tous continuent d’avancer de conserve et de gagner encore et toujours vers le sud qui n’a jamais autant paru salvateur.

Halvard MABIRE - GDD
Vous ne devez pas vous ennuyer en ce moment, il y a de l'animation !
De mon côté tout va nickel, juste que je commence à être un peu limite côté sommeil. Avec ces vents très instables (fronts maousses + bordure anticyclonique) ce n'est pas facile de trouver les créneaux pour faire les siestes, même très courtes.
Hier matin j'ai failli cabaner et j'ai rattrapé le coup in extrémis parce que j'étais pas loin des écoutes. Remarque, c'était le bon endroit pour le faire, avec Gwen juste derrière je tombais non seulement sur un bon ami marin (et organisateur de courses aussi !), mais en plus Guyader est pas mal comme hôtel ; ce doit être la meilleure table de la flotte ! Il faut être organisé dans la vie.
Quant à Brieuc, il ne pouvait pas mieux tomber non plus. J'ai juste peur qu'il ne reste pas assez longtemps avec Jean Pierre pour attraper toutes les bonnes manières et combler les lacunes qu'il pourrait éventuellement encore avoir en termes d'éducation.
En tous cas pour Jean Pierre ça va lui faire de la distraction et je pense que du coup cette Route du Rhum sera certainement la course de sa longue carrière pendant laquelle il rigolera le plus. Avoir Brieuc avec soi c'est certainement mieux que des cassettes audio
!”

Laurent Etheimer - Happy : “Sommes en mer, tout va bien! La nuit de samedi à dimanche, jusqu’au passage du front, a été agitée ; nos petits trimarans sont sensibles à l’état de la mer, là c’était formule centrifugeur. Dans ces conditions, pas facile de dormir ou de manger chaud. De plus, l'humidité est permanente, rien ne sèche ! Vivement les alizés ;-)
Quelques problèmes techniques, pilote, chariot de latte, mais rien de bien méchant pour l’instant tout est réparé
!”

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