Il faut être fin tacticien, faire preuve de lucidité et d’une extrême vigilance pour négocier au mieux la petite zone de molle dans laquelle évoluent actuellement la tête de flotte des Ultim 32/23. Ces qualités, les trois leaders n’en manquent assurément pas. Il faudra aussi placer son empannage dans le meilleur timing pour tenter de capturer un alizé encore bien timide. Qui de Charles Caudrelier (Maxi Edmond de Rothschild) François Gabart (SVR Lazartigue) ou Thomas Coville (Sodebo Ultim 3) osera déclencher son empannage en premier ? C’est là tout l’enjeu de cette fin de journée.
A quelques 430 milles du groupe de leaders, Yves Le Blevec poursuit sa descente vers les Alizés. Si l’allure portante apporte un semblant de “confort” à bord, les conditions restent plus qu'acrobatiques « O_n a accroché du vent portant, ce n’est pas très confort parce que la mer est très mal rangée, ça secoue pas mal !_, confirmait ce matin, le skipper d’Actual Ultim 3. Il n’y a pas de risque pour le bateau, mais c’est assez inconfortable. Il y a de l’eau en permanence dans le cockpit, ça passe par les trous où passent les écoutes, tout est mouillé. Et mes déplacements à bord ne sont pas très élégants, heureusement qu’il n’y a pas de caméras parce que c’est un peu en mode 4 pattes ! »
Pour Arthur Le Vaillant (Mieux), l’heure est à l’apprentissage pour le marin qui dispute ici sa première transatlantique en solitaire sur un Ultim 32/23. Encore novice sur ce circuit d’excellence qu’il vient d’intégrer, le Rochelais apprend en accéléré les subtilités du maniement de ces impressionnants bateaux volants où il vaut mieux parfois empanner que virer : « Dans de la grosse mer, on est souvent sous-toilé et donc pour virer, on empanne ! J’ai fait plein de virements de bord au début de la course et je voyais Francis (Joyon) qui était à côté et revenait sur moi, et à chaque fois il empannait. Loïck Peyron m’avait dit la même chose : de ne pas m’emmerder à virer. Dans du vent fort avec un ou deux ris dans la grand-voile, j’empanne et je re-déroule la voile de l’autre côté. »
Pour tous, il reste encore beaucoup à faire avant de rejoindre la Guadeloupe. « On va maintenant naviguer à peu près tous dans la même masse d’air, jusqu’à l’arrivée, rappelait Yves Le Blevec. Il va falloir être très vigilant en termes de trajectoire : il y a encore beaucoup de choses à négocier…»
La flotte a parcouru symboliquement aujourd’hui la moitié de la distance qui sépare Saint-Malo de Pointe-à-Pitre.