Avec 55 bateaux sur les 138 réunis aujourd’hui à Saint-Malo, la Class40 ne passe pas inaperçue dans le bassin Vauban. Et cela fait quatre éditions que ça dure. Depuis qu’elle a fait son apparition en 2006 sur la Route du Rhum - Destination Guadeloupe avec 25 bateaux au départ, cette catégorie aligne le plus gros contingent de concurrents. Au point que le circuit des monocoques de 12,19 mètres représente, à lui seul aujourd’hui, plus d’un tiers de la flotte répartie en six catégories.
Il compose également un plateau dont le niveau de compétition ne cesse de se renforcer. La grosse dizaine de prétendants à la victoire et l’armada de nouveaux bateaux en disent long sur le niveau de la bataille attendue entre tous ces protagonistes qui animeront à coup sûr cette édition 2022.
Le succès de Class40 est là, et ne se dément pas. Et il n’étonne pas Halvard Mabire, le président de ce circuit de plus en plus convoité. « La Class40 est abordable ; elle garantit un niveau sportif et technologique intéressant, en phase avec les développements de la course au large. Un Class40 coûte dix fois moins cher qu’un IMOCA, mais ne va pas dix fois moins vite… En rapport vitesse-prix, c’est l’un des meilleurs bateaux du marché, » résume celui qui après deux éditions en Class40 bifurque, non sans plaisir aussi, vers la catégorie Multi Rhum, en raison de l’exigence des règles imposées pour figurer parmi les 55 partants d’une catégorie dont il accompagne le développement depuis plusieurs années. La rançon du succès, alors que l’attractivité toujours renouvelée de la Route du Rhum - Destination Guadeloupe cumulée à la bonne santé de la Class40 explique qu’elle joue à guichets fermés avec un plateau de premier choix.
Quantité et qualité
Marc Lepesqueux, déjà présent en 2006, est bien placé aussi pour en mesurer la vitalité. « J’aime bien quand il y a beaucoup de monde au départ. Cette année, c’est un peu comme quand je faisais du Figaro, et qu’on on était aussi jusqu’à 55 au départ de la Solitaire, » justifie ce marin du Nord Cotentin de retour à la barre du N°187, le dernier arrivé des nombreux nouveaux nés. A ses yeux, la classe tire tous les bénéfices de son positionnement à mi-chemin entre la prototypie et de la monotypie pures et dures pour donner lieu à « des bateaux de série hyper-performants qu’on peut pousser loin sans être sur la réserve. » À 54 ans, fort de son expérience du solitaire, de la course et du support, c’est avec autant d’ambition que d’humilité qu’il aborde sa quatrième participation en Class40. « Finir dans les dix premiers, ce serait vraiment bien. Dans le 5, ce serait top ; et mieux encore ce serait du grand bonheur. Mais je ne suis pas le seul. Tous les quatre ans, il y a la Route du Rhum - Destination Guadeloupe. Il ne faut pas la louper. Toutes les énergies et les envies convergent sur cette course, la seule en solitaire du circuit, »
Ian Lipinski, qui figure dans la longue liste des favoris, se réjouit de cet engouement. « Sur la classe, on s’éclate, parce que le niveau est très élevé, avec des grandes courses et d’autres épreuves plus spécifiques. C’est un bon équilibre avec pas mal de navigations, des bateaux assez gros, mais pas trop, et des budgets raisonnés qui facilitent l’arrivée de partenaires pour des projets à taille humaine. Et puis surtout, on passe plus de temps sur l’eau qu’au chantier, » souligne celui qui aborde sa première Route du Rhum - Destination Guadeloupe avec des ambitions à la hauteur de son engagement sur le circuit ces trois dernières années. Mais derrière l'homogénéité sportive évidente du plateau Class40 se cache aussi la diversité « pro-am » qui a toujours veillé à ce que des amateurs avertis apportent un supplément d’âme aux côtés de professionnels plus aguerris. « C’est une classe qui coche beaucoup de cases pour beaucoup de monde. Plus ça va, plus il y a du match à tous les niveaux de la flotte. Le circuit reste sympa, et l’ambiance toujours là, » reconnaît Luke Berry.
Diversité et convivialité
Ce prétendant à la bataille en première ligne, qui revient pour une deuxième participation à la barre d’un bateau tout neuf, sait que, l’esprit d’entraide et l’ouverture à l’international de la classe rassemblant 11 étrangers cette année, y garantissent la convivialité. Avec une telle marque de fabrique, pas étonnant qu’elle attire aussi les plus jeunes, à l’image de Martin Louchard, le benjamin de 20 ans sur les rangs cette année. Comme les plus anciens, avec la fougue de la soixantaine et leur expérience pour moteur. Quel que soit leur âge, qu’ils viennent du Mini 6.50, du Figaro, de la régate en équipage, ou encore pour oser l’aventure d’une vie, nombreux sont les skippers, qui trouvent dans la Class40 la bonne formule pour s’aligner au départ de la Route du Rhum - Destination Guadeloupe. Ils en font l’imparable richesse humaine.
« C’est une classe ouverte, qui occupe une place importante dans le paysage de la course au large, c’est un peu la base de la pyramide dans la mesure où certains skippers y passent avant de monter un autre projet. Mais d’autres s’y sentent tellement bien qu’ils y restent, ou y reviennent » souligne Halvard Mabire. La présence de Yoann Richomme, vainqueur en titre de retour avant d’évoluer en IMOCA, en témoigne.