Ces dernières 24 heures, qui est tenté d’écrire « changement de leader », prend le risque de revoir sa copie l’heure suivante, tant le match est intense dans le trio de tête en Ultim 32/23 ! C’était pourtant bien François Gabart (SVR Lazartigue) qui prenait la première place au classement de 12 heures, tout occupé comme son dauphin du jour Charles Caudrelier (Maxi Edmond de Rothschild), distant de quatre petits milles seulement, à retrouver du vent portant derrière le second front. Avec Thomas Coville (Sodebo Ultim 3) en franc tireur dans le Nord et tout ça en plein milieu de l’archipel des Açores, la scène est grandiose. Et au pointage de 17 h 00,... c'est Charles Caudrelier qui reprenait la tête ! CQFD
Il n’y avait donc pas de porte de sortie derrière le premier front qu’ont traversé hier soir les premiers Ultim 32/23. Le trio de tête a été obligé de remettre de l’ouest dans sa route à la rencontre d’un second front, dernier péage pour espérer cavaler vers les alizés.
Si le premier front n’était pas bien méchant à la latitude où l’ont traversé les grands multicoques, la zone de vents faibles et aléatoires où il a fallu progresser tant bien que mal avait de quoi lessiver les plus durs au mal. « On manipule de très grandes voiles de portant, chaque manoeuvre coûte une énergie folle » racontait ce matin à la vacation Thomas Coville, qui avait tout de même profité d’une mer redevenue calme et de basses vitesses pour s’allonger dans sa bannette pour la première fois depuis le départ.
C’est en fin de matinée que les choses sérieuses ont recommencé avec un vent qui a rapidement repris des tours, montant à plus de 30 noeuds. Trop décalé dans le Nord pour suivre ses camarades, Coville était condamné à enfoncer le clou dans l’ouest, et a logiquement viré le premier derrière le second front à la mi-journée. Les deux leaders ont profité de la transition pour glisser encore un peu plus au Sud, créer du décalage avant de partir eux aussi au front. A ce jeu, SVR Lazartigue a été plus entêté que le Maxi Edmond de Rothschild et s’emparait au classement de midi de la première place avec une route plus rapprochante.
Cache-cache dans les Açores
Mais la bagarre des Açores ne faisait que commencer. Au pointage de 17 h00, Charles Caudrelier qui avait enroulé comme à la parade l'île de Sao Miguel et profitait plus tôt du portant derrière le front brûlait la politesse à François Gabart et repassait en tête. SVR Lazartigue qui avait rasé la petite île de Santa Maria, allait recroiser son sillage avec un retard d'environ 20 milles. Du match race on vous disait !…
Même si le trio de tête maintient près de 200 milles d’avance sur le reste de la flotte, n’allez pas croire que derrière, les cinq autres Ultim 32/23 se tournent les pouces. Francis Joyon (Idec Sport) qui avait vu revenir dans son dos Yves Le Blévec sur Actual Ultim 3 lui a faussé compagnie en partant au Nord-ouest sur une trajectoire proche de celle de Coville. Idec Sport est le seul trimaran archimédien à s’inviter dans le concert des multicoques volants depuis le début de la course, c’est à souligner. Arthur Le Vaillant, lui, a préféré esquiver au mieux : « Je ne vais pas aller attaquer comme un fou dans la mer et dans le vent. On va essayer de trouver une voie pour préserver le bonhomme et le bateau » annonçait-il hier à la vacation et il s’est tenu à son plan.
A 700 millles de là, Romain Pilliard s’apprête à franchir la longitude du cap Finisterre et passera les fronts dans la nuit. Il pourra bientôt jeter un oeil dans son rétroviseur puisqu’ Armel Le Cléac’h est lui aussi reparti à 13 heures après son escale à Lorient. Et le Maxi Banque Populaire XI fonçait déjà sur la route à 30 noeuds dans un vent de sud-est favorable cet après-midi !